- DEUX-ROSES (GUERRE DES)
- DEUX-ROSES (GUERRE DES)DEUX-ROSES GUERRE DESPlus justement appelée «guerre des Roses» si l’on suit la tradition anglaise, la guerre des Deux-Roses est une guerre civile qui déchire l’Angleterre de 1455 à 1485. L’expression paraît avoir été forgée relativement tard, au début du XIXe siècle, et fait allusion à l’insigne qu’auraient porté les combattants des deux camps: une rose blanche pour les partisans de la maison d’York, une rose rouge pour ceux de la maison de Lancastre. Celle-ci détient le trône depuis 1399 et l’occupe en la personne de Henri VI. Les yorkistes ont d’abord limité leurs prétentions au contrôle du gouvernement et soutenu l’un des clans qui se disputaient la maîtrise des Conseils royaux; à partir de 1460, la revendication dynastique est devenue essentielle. Le recrutement d’adversaires des Lancastre a été favorisé par des échecs décisifs sur le continent, où presque toutes les possessions, sauf Calais, sont perdues en 1453: au mécontentement patriotique, à l’impression de gabegie financière s’ajoute la fureur de familles aristocratiques possessionnées en France et menacées de perdre un patrimoine souvent ancien. La lutte, menée par des aristocrates à la tête d’armées féodales, a été marquée de nombreuses trêves et de coups de théâtre; elle n’a pas empêché le déroulement d’une vie économique relativement normale. À côté de Henri VI, roi falot et sujet à des crises de démence, les personnages du drame ont varié: Richard d’York jusqu’en 1460, le comte de Warwick, le «faiseur de rois», Marguerite d’Anjou, l’épouse de Henri VI, Édouard, fils de Richard et qui se fait acclamer sous le nom d’Édouard IV en 1461, son frère Richard, devenu roi à la suite du meurtre de ses neveux en 1483, ont tour à tour joué un rôle essentiel. Pratiquement terminée en 1471, à la mort de Henri VI, la guerre rebondit précisément parce que Richard III mécontente à son tour ses grands vassaux. Henri Tudor se présente alors comme son rival. Appartenant à la maison de Lancastre par son ascendance maternelle, il épousera, après sa victoire sur Richard à Bosworth (1485), Élisabeth d’York, et réconciliera ainsi les deux Roses. La guerre qui s’achève a coûté la vie à nombre de grands vassaux et impose un renouvellement de la caste aristocratique: le pouvoir royal tirera avantage de l’affaiblissement matériel et de la perte de prestige des lords. Le conflit a renforcé l’impression que le pouvoir des rois repose en fait sur la force bien plus que sur un droit divin. Le Parlement est appelé à légitimer les prétentions de Henri VII Tudor et devient par là même un garant de la légitimité royale; ce rôle sera confirmé au XVIe siècle. La guerre civile a achevé de décourager toutes les ambitions continentales et favorisé l’instauration officielle de la paix avec la France. Les classes populaires et bourgeoises, spectatrices de ces affrontements, appelées seulement à acclamer les représentants du camp victorieux, aspirent surtout à l’ordre et à la paix. Un siècle plus tard, le génie de Shakespeare trouvera matière à interpréter et à transfigurer les faits dans Henri VI et dans Richard III .
Encyclopédie Universelle. 2012.